Longtemps perçue comme une résultante du processus d'analyse et d'évaluation des risques à la main des décideurs publics ou privés, la gestion des risques a connu ces derniers temps un regain d'intérêt de la part des institutionnels, du monde scientifique et de l'expertise ainsi que du grand public au sens large. Les évolutions normatives récentes dans le domaine en donne un aperçu. Ainsi et plus récemment à l'échelle européenne et internationale, la norme cadre ISO 31000 " Risk Management -Principles and guidelines " contribuera à redéfinir le risque qu'elle qualifiera d'effet de l'incertitude sur l'atteinte des objectifs et sa gestion, pour un système socio-technique complexe, comme un moyen d'atteindre ses objectifs en maîtrisant les effets de l'incertitude. Dans ce contexte, la reconnaissance de la dimension multi-acteurs du processus de gestion des risques pour une organisation ou sur un territoire (on parlera alors de système socio-technique complexe) permettra de redécouvrir les bénéfices des approches collaboratives et concertatives avec et entre les acteurs et les parties prenantes du système. En France, la loi du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels devancera ce changement normatif du contexte de gestion des risques en instaurant les pratiques d'information, d'association ou de concertation qui sont autant de pratiques de mobilisations de compétences et de moyen d'action collective et en commun. Le présent chapitre vise à partager les résultats de travaux de recherches menés de 2004 à nos jours. Ces travaux de recherche-intervention visaient à mieux comprendre les mutations et les changements structurels et organisationnels profonds dans les modes de gestion des risques et à intégrer, dans les processus d'expertise scientifique des risques, d'autres acteurs de la société civile.